dimanche 2 mars 2008

« Concours de machines » ?

Vous vous demandez sans doute ce qui se cache derrière le nom de ce blog ?
Ce titre m’est venu à la lecture du magnifique livre de Jan Hein : « The golden age of handbuilt bicycles » .
En voici quelques extraits traduits en français qui vous éclaireront :



René Herse Concours de machines 1947



"Il y avait du suspense dans l’air au concours de machines de 1947. L’année précédente l’équipe de René Herse avait subi de nombreux avatars dus à une préparation hâtive du matériel. Sa réputation étant en jeu, la petite équipe de René Herse bouscula tous les obstacles et
produisit quelques machines vraiment impressionnantes.
Chaque détail avait été retravaillé pour gagner quelques grammes : le dérailleur avant en aluminium avec un levier raccourci, les manivelles et plateaux limés et réduits au
minimum absolu, les cages de pédale découpées, les leviers de frein limés et
même la pompe raccourcie pour gagner du poids, le plot de pompe inférieur tellement affiné
qu’il se tordait facilement, aussi la pompe était-elle montée à l’envers ! Un porte-bagages surbaissé super-léger en aluminium supportait les sacoches de 4 kilos de bagages que la bicyclette devait réglementairement transporter.
Le cadre était en Reynolds superfin de 3/10 (le standard est 7/10), soudo-brasé pour éliminer le poids des raccords, avec une tête de fourche à plaquettes et des pattes ultrafines. Même le ressort de dérailleur était raccourci. La selle était extrêmement modifiée et directement fixée à une tige de selle spéciale. Bien sûr tous les boulons étaient en aluminium. Cette machine impressionnante pesait 7 kg pile. Afin d’égaliser les chances les machines étaient pesées
sans les pneus et les chambres à air, car si près de la fin de la guerre les pneumatiques légers
n’étaient disponibles qu’au marché noir. La machine en état de route pesait en viron 7,9 kg avec garde-boue, éclairage, porte-bagages et pompe.
Pour empêcher que les pilotes roulent trop prudemment sur les routes accidentées, la vitesse était prise en compte dans les résultats. René Herse recruta une équipe de randonneurs rapides mais prudents. La victoire fut convaincante, avec les 4 premières places pour les hommes, la 1ère également pour les femmes et le tandem.

Il est surprenant qu’une machine des concours techniques de 1947 ait survécu quasiment intacte. Quelques pièces ont été changées et remplacées (voir p. 164), mais pour l’essentiel, elle est telle qu’elle fut pilotée en 1947. "


Alex Singer Concours de machines 1946



"Alex Singer au concours technique de 1946 avec sa machine de 6.875 kg (sans pneus). Les
sacoches contiennent les 4 kg de bagage requis. Photo collection Ernest Csuka.
Lorsque M. Bernick commande une nouvelle bicyclette en 1947, il possède déjà au moins une Alex Singer, mais la nouvelle machine devra être la bicyclette la plus légère que l’on puisse se procurer.
Au concours technique de 1946,
record de légèreté pour la machine d’Alex Singer : incroyable, elle pesait seulement 6.875 kg, record que même les machines Herse super légères
du concours 1947 n’améliorèrent pas. M. Bernick vint donc chez Singer pour la machine dont il rêvait. Le cadre soudo-brasé était en tubes minces de 5/10 Reynolds 531 et chaque détail était étudié pour qu’il soit le plus léger possible. Les garde-boue Mavic étaient plus légers que les célèbres "martelés" Lefol. Au lieu d’acier, le porte- bagages arrière était en tube léger d’aluminium. Pourtant déjà légers, les freins à came Singer étaient percés et affinés à la lime. On perça même de larges trous les papillons des roues pour gagner quelques précieux grammes.
Entre autres détails, la tête de fourche était allégée et les barillets de tringles de garde-boue affinés au minimum, ce qui permit d’obtenir une bicyclette d’environ 10.2 kg, étonnamment légère pour une machine dotée d’un cadre de 60 cm. Mais elle n’avait qu’un lointain rapport avec les machines des concours techniques, ce qui illustre encore la légèreté impressionnante grâce à des composants modifiés jusqu’à leurs limites."


Un commentaire d’Olivier Csuka qui a eu la gentillesse de répondre à ma question par email :


"Un peu de temps pour vous répondre, mais ce n'est pas toujours facile car internet est un vrai entonnoir!
Les concours de machines, mon père pourrait vous en parler bien mieux que moi et plus longuement.
Sauf erreur, il s'agit au départ de concours dit "Duralumin», crée par l'industrie du Dural pour promouvoir son utilisation dans le vélo, marché en développement avant guerre.
Les coureurs, très conservateurs ne voulaient encore entendre parler que de l'acier, alors que les cyclotouristes l'utilisaient depuis les années 30. Je crois que le premier eu lieu en 1936, plus confidentiel sur St Etienne. Le premier concours «national" eu lieu en 1946. Le but donc,prouver la vélocité, la légèreté et la solidité d'un vélo utilisant du dural. Le parcours, course de 160km
tous les jours en 4 étapes. Le lieu, Colmar et les Vosges, avec des routes plus proches de champs de bataille qu'autre chose. Le cahier des charges de la machine: triple plateau, éclairage avant et arrière par dynamo, porte bagage avant et arrière, garde-boues enveloppants et 4 kg de charge pour corser le tout.
Cette fois là, mon père, faisait office de pilote d'une seconde machine, mais aussi de mécanicien à l'étape. Rentrait en ligne de compte pour le classement, le temps réalisé pour le parcours, le poids de la machine, mais aussi un impitoyable barème de pénalités en temps en fonction de
chaque avarie, défaut ou simple déréglage constaté à l'arrivée. Vainqueur 1949, les cycles SINGER, avec Emile Baudin comme pilote sur une machine de..................................6,875 kg!!!
Impressionnant quand on lit le cahier des charges non?
Vous comprendrez que parfois le père ait du mal à s'extasier sur le matériel moderne.
"


Pour plus de détails :

http://pagesperso-orange.fr/tandem.noir/pages/tandem-d2.htm

http://veloparis.com/web/fabrication_machines_ultralegeres.html

Pour commander le livre de Jan Heine :

http://www.vintagebicyclepress.com/goldenage.html